Saphyr un diamant brut (uc)

Comme toutes les histoires la mienne commence par « il était une fois » ; en général cette locution annonce une histoire romancée et heureuse, la mienne est bien différente. Deux juillet, c’est le jour où je suis née et ce, à Johannesburg, vous voyez la grande ville qui sied de capitale à la Province de Gauteng, la plus riche de l’Afrique du sud. Eh oui je suis née en Afrique du Sud, et non, mes parents n’étaient pas des touristes anglais en voyage là-bas. Je suis africaine, et malgré tout je le resterai toujours, même si je ne m’y suis jamais sentie chez moi. Je suis née dans une famille riche, où l’argent coulait à flot, où les soirées mondaines se succédaient. Ma mère était alcoolique, mais mon père ne s’en rendait pas compte, elle cachait bien son jeu la fille du général de l’armée ! Enfin, maintenant que j’y pense peut-être qu’il savait, mais il devait probablement fermer les yeux comme tous, après tout, c’était d’elle que venait la richesse et la notoriété de notre famille, une séparation ou l’envoyer en cure de désintox’ aurait coûté cher et anéanti la puissance de notre clan. John Karsfeld, était un arriviste, cet homme qui me servait de père, avait réussi à charmer ma mère par ses bonnes manières, et en avait largement profité. Lui qui était issu de la classe ouvrière d’Angleterre ; il avait financé son voyage jusqu’à l’extrême sud de l’Afrique en jouant les adonis dans des films pornographiques. Ma mère, cette jolie brune, aux grands yeux de biche, svelte, agréable à regarder, et riche héritière devait donc susciter les convoitises, je ne renie pas mon père pour avoir profité de ma mère, c’était à elle de ne pas se laisser marcher sur les pieds et de rêver du grand amour au lieu de céder au pécher de la luxure. Qui ne rêverait pas de mettre un bel étalon dans son lit ? Ma mère fait partie de ce genre de personne pour qui s’afficher en compagnie d’une beauté est ce qu’il y a de plus important. Cette mère… jadis au physique de mannequin, mais déformée du jour au lendemain par une grossesse non désirée : moi. Elle n’a jamais été captivé par mon regard pétillant, ni même joué avec mes boucles brunes ; depuis que je suis née, elle m’ignore et lorsqu’elle ne le faisait pas, elle me frappait, je préférais donc l’indifférence aux coups. Mon père, lui au moins s’est un peu intéressé à moi, par toujours pour les bonnes raisons malheureusement, mais il m’accordait un peu d’attention, apparemment c’était uniquement ce que je méritais… Mes grands-parents paternels je ne les ai jamais connu, mais j’avais des grands-parents maternels, très stricts, peu souriant, ils ne s’intéressaient à moi que pour me comparer à leur Cherry parfaite, ma génitrice. Nous avions rien en commun, et ils étaient persuadés que je n’étais pas de leur sang, je n’étais rien pour eux, et certainement pas une héritière. Côté famille je dois admettre que j’étais gâtée, j’avais vraiment de la chance. Ma seule alliée était Tina, notre femme de ménage qui me servait également de nounou lorsque l’on lui en laissait la possibilité. Tina, mon amie, ma confidente. Elle n’avait que seize ans lorsque je suis née, mais elle travaillait déjà pour nous depuis longtemps, issue d’une famille pauvre elle n’avait que pour seul avenir de travailler pour les riches familles blanches ; nous étions pourtant si différentes, cela ne m’empêchait pas de la considérer comme ma maman de substitution. Ce fût elle qui soigna mes coupures, mes meurtrissures dus aux coups que me donnait ma mère.