Strawberry est une enfant perdue... [Attend d'avoir son ava ! Besoin de développer ...]

Il pleuvait encore sur la lourde arche de marbre sous laquelle elle s'était réfugiée cette fois-ci. Car oui, ce n'était pas la première fois qu'elle errait sans but à deux heures du matin dans les rues de Londres, ni même la première fois qu'elle se réfugiait sous le "marble arch" pour admirer la beauté de la lune loin des ennuis que lui causaient la voix au fond de sa tête, celle qui lui disait de ne jamais se rendre, de toujours faire face à tous, car de toute manière, on ne pouvait compter que sur soi. Cette voix était une présence qu'elle chérissait, et sans aucun doute la seule à qui elle se confiait, car née en même temps qu'elle, celle qu'elle appelait son ombre, sa amie imaginaire qu'elle traînait depuis des années, lui permettait de se couper du monde et étrangement, écoutant les majestueux corbeaux croasser dans la nuit sombre et froide, inhospitalière, elle se sentait plus en sécurité qu'aux côtés de ses géniteurs ou des autres humains qui l'entouraient parfois pour l'étouffer. La société, elle la haïssait du plus profond de son âme, car les adultes la prenaient en pitié et les autres enfants passaient leur temps à l'appeler "Miss Granger" pour la simple raison qu'elle adorait apprendre. Comme un homme qui a l'alcool mauvais, ou un drogué de nature violente. Cependant, la plupart du temps, pour ne pas dire du plus profond de sa nature, elle était une petite fille douce et gentille. Le genre à chantonner en ceuillant des fleurs, regardant un ciel bleu, aimant le monde entier de façon niaise et candide. Bientôt, elle le savait, les policiers allaient la retrouver et la ramener vers ses parents qui la regardaient comme si elle n'était qu'aveugle, sourde et totalement pitoyable. Bientôt, elle serait de retour dans un monde bien réel, loin de ses rêves d'évasion et de prairies entourées de maisonettes en brique rouge. D'une minute à l'autre, elle devra retourner sur cette chaise, au milieu d'une cuisine trop propre et expliquer à un inconnu qui était son Ombre, pourquoi elle parlait soi disant seule. Rejoindre les enfers.

***

Prisonnière d'un lit. Quelle ironie. Encore et toujours l'hôpital, avec le psychologue totalement illuminé lui-même, les infirmières complètement gâteuses et le vieux sénile qui lui servait de chirurgien enfantile. Prisonnière d'une chambre trop blanche au parquet ciré dans laquelle flottait une odeur sirupeuse de médicaments sucrés pour enfants récalcitrants, qui osaient rester malades alors qu'on leur prodiguait des soins. Retenue par une stupide couette et le fait qu'on lui ait confisqué ses vêtements pour la laisser à poil sous une blouse verte dix fois trop grande et qu'elle soit droguée par une perfusion de calmants. Elle ne peut se lever pour marcher que si elle appelle une femme au sourire extra-large pour la porter à moitié, et en prime, elle a envie de se pendre à chaque rire du clown qui fait des blagues foireuses au enfants de la chambre voisine. Elle les déteste tous. Ils n'ont qu'à disparaître.

- " Tu n'as pas à avoir peur, petite soeur, je t'aiderai à surmonter l'épreuve.
- Merci ombre, tu es la seule qui me comprenne vraiment...

***

Un livre merveilleux. Elle vient de trouver le plus beau livre de la planète, quoiqu'un peu trop féérique pour elle. Peter Pan de Barrie. Elle feuillette doucement les pages et lit des extraits au hasard pour s'imprégner du style de l'auteur, essayant d'imaginer le royaume qu'il décrit avec tant de détails.

- " Un livre ? Qu'est-ce ?
- Peter Pan, Ombre. De Barrie. Il parle de fées...
- Tu crois aux fées ? C'est bien.
- Non. Je ne crois pas aux fées. Ce serait stupide.
- Pourquoi lire ce livre, alors ?
- Pour l'évasion. Pour le rêve. Pas pour les fées.

Elle se replongea dans sa lecture, complètement fascinée par ce monde sans adultes et où on était libre. Elle rêvait qu'on la libère, elle aussi, comme les autres enfants qu'on allait chercher pour les amener à Neverland, le pays où les enfants attaquaient les pirates et faisaient suer les indiens. Où des histoires aussi belles, on en entendait par milliers, et où personne n'aurait peur de son Ombre.

- Tu veux aller là-bas ?
- Moui...
- Tu n'y crois pas ?

La jeune fille regarde subitement le plafond, comme si elle voyait son ombre là-haut.

- A quoi ? Aux fées ou aux hommes volants ?
- Au pays imaginaire, a Neverland.

Elle se replonge de suite dans son livre pour fuir.

- Non. Pas vraiment, mais ce serait bien...
- Tu aimerais y croire ?
- Oui. Beaucoup.

Voilà. Elle l'a dit. Mais elle ne voulait pas que son ombre sache.

- Alors écoute-moi, et répète ceci : " I believe in fairies. "

Quelle idiotie ! Des fées... Ce serait si bien pourtant... Mais ça n'existe pas.

- Je ne crois pas aux fées. "I don't. "
- Fais ce que je te dis. " I believe in fairies. "

Une mine boudeuse lorsqu'elle se retourne vers le plafond pour répondre avec dédaigne.

- Pff ... " I believe in fairies." T'es contente ? "

Un grand bruit, un courant d'air, puis les yeux de la jeune fille s'équarquillèrent.

Une incantation ! Il s'agissait d'une incantation ! Quels secrets l'ombre de la jeune fille connaissait-elle encore ? Le temps semblait figé de façon risible, les rires et les cris des enfants de la cour de récréation s'éparpillaient en poussière pour devenir les ailes de petites créatures dont les clochettes tintaient frénétiquement alors qu'elles se regroupaient autour d'elles et l'aggripaient par les poignets pour l'entraîner vers le centre du terrain de foot où les garçons qui avaient pour habitude de la persécuter étaient figés dans leur rôle de caniche poursuivant un ballon qui ne semble plus subir la loi de la pesanteur. Elle rit de bon coeur devant cette scène délicieuse. Ils étaient figés. Elle pouvait les frapper, se moquer d'eux, être libre.
Le bonheur, la plénitude, un sourire sur les lèvres de la fillette.

- Tu vois ? Les fées existent. Elles sont belles, n'est-ce pas ?
Dis : "Hello. Nice to meet you. "

Elle se tourna vers les fées, légèrement effrayée.

- Euh ... " H... Hello... N... Nice to... Meet you..."
- Maintenant, repense à Neverland.

Elle ferma docilement les yeux en priant intérieurement les fées de l'emmener dans ce pays si beau, avec des plages paradisiaques, aucun adulte pour la mettre dans un lit d'hôpital parce qu'elle parle seule et sans tous ses idiots qui se moquent d'elle continuellement. Un monde où on ne grandit pas, un univers où elle pourra rester avec son ombre pour toujours. Un rêve permanant. Elle sentit la terre se dérober sous ses pieds, agréable envol vers une vie sans doute meilleure. Mourir pour mieux renaître ? Peut-être... Et pourquoi pas ? Un grand vide se saisit d'elle, et elle oublia tout.

***

- " Ne te penche pas autant au-dessus de l'eau, Straw. Tu vas tomber.

Malgré ses yeux qui se lèvent vers le ciel, elle recule.

- Mais non, Ombre. Mais non.
- Tu ne m'as toujours pas donné de nom... Tu avais promis...

Un léger silence avant de répondre d'un ton doux.

- Tu veux un nom en particulier ?- Eh bien... J'aime le son d'un nom que j'ai entendu...
- Lequel ? Dis-moi...
- Hm... Colette.

Ne pas rire. Elle ne doit pas rire. Mais c'est si stupide !

- Pfff ! HAHAHAHAHAAAAAA !
- Pourquoi ris-tu ? C'est joli !
- C'est moche !
- Parce que Strawberry, c'est mieux ?

Un grand sourire de défi se forma sur son visage.

- Oh oui !
- Petite insolente.

Un rire léger avant de se relever et de se retourner pour admirer la fôret.

- Choisis donc un autre nom. Pourquoi pas Mueno ?
- Mueno ? J'aime pas.

Un instant de réflexion avant de poursuivre.

- Tu te rappelles ce livre d'images avec la fille du miroir ?

Ton songeur et sorte de ronronnement de l'ombre

- Oui. J'aimais beaucoup de livre.
- Elle s'appelait Alamine. Tu aimes ?
- C'est pour garder un bon souvenir ?

Sourire de la jeune fille qui se repenche vers l'eau lisse et azurée.

- Oui. Tu t'appelles Alamine "

Cela faisait peu de temps qu'elle se trouvait à Neverland mais un jeune prince l'avait déjà guidée et amenée à une bande d'enfants assez turbulants qui se faisaient appeler les enfants perdus, attaquaient les pirates et aimaient taquiner les indiens. Elle, ne faisait que fixer le petit brun chef de cette troupe débraillée pour comprendre pourquoi lui aussi semblait hanté par des spectres invisibles au coeur des autres, et pourquoi personne ne pouvait l'approcher sans se faire mordre par ces douleurs incompréhensibles pour quelqu'un d'autre que le responsable et le jeune prince. Elle avait toujours été curieuse, et Peter la fascinait en sa mélancolie affreusement attirante. Elle ne l'aimait pas, mais elle voulait à tout prix savoir. Elle le collait et lui la repoussait gentiment mais n'arrivait pas à s'en débarasser, car elle était plus têtue qu'une mule. Elle s'amusait à rester plonger dans des histoires qu'elle s'inventait avec Alamine, son ombre si chérie. Elle adorait également errer et chanter en plein milieu de paysages incroyables, irréels. Légèrement usante via ses questions incessantes et son impertinence, son "pep's" mordant. Elle s'annonçait comme une habitante ereintante pour Neverland, et surtout pour Peter, qui allait avoir du mal à s'en débarasser.