{ _ Ou sommes nous ? [ Amaryllis, Noisette & Marlon ]

C’est sans doute les phrases que la jeune fille avait le plus répété dans les dernières vingt quatre heures. Il fait dire qu’il y avait déjà eu les nombreuses heures de vol au dessus de l’Atlantique pour arriver jusqu’à New-York où ils ne passèrent qu’une petite demie-heure avant de grimper dans plusieurs bus jaunes - plutôt ignobles selon Amaryllis qui avait l’habitude de côtoyer les grandes rouges représentatifs de la capitale anglaise. Et dans ces véhicules, ils devaient y passer un sacré moment et la demoiselle le savait.
C’est sans doute ce qui la déprimait le plus dans tout ça : déjà qu’elle avait presque du être sage dans l’avion, il fallait qu’elle le soit encore un peu plus longtemps… Soit disant pour éviter que le chauffeur ne se déconcentre et qu’ils se crashent (dixit leur professeur de langues). Allez savoir pourquoi, quand on lui avait dit ça, elle avait rigolé en disant que ce serait plutôt drôle (bien sûr, dans sa vision des choses, personne n’aurait été mort. il y aurait juste eu le bus en miette et le chauffeur dégouté) sauf que le regard noir qu’on lui avait lancé à la suite de sa petite remarque la fit fuir vers son siège à toute vitesse. Non pas qu’elle n’assume pas ce qu’elle venait de dire mais plutôt parce que le professeur l’avait menacé à plusieurs reprises de la virer du projet en la renvoyant en Angleterre et que ce regard, elle ne le connaissait que trop bien, c’était celui qui précédait toujours le « les trois BRIGHTBERRY, vous sortez ! Exclus du cours et direction le bureau du proviseur ! ». Oui, elle trouvait toujours le moyen d’embarquer quelqu’un avec elle et en général, c’était ses frères ou alors quelqu’un de la bande.
Bref, en général, ce regard signifie : tu vas être virée. Seulement là, elle n’en avait pas envie. Pas Moyen que tous ses amis y aillent sans elle et la nargue. Et hors de question qu’elle soit séparée de Marlon ou de Pete, ou même de Bonnie ou encore Garèth !

Ainsi, elle était donc partie avant que l’enseignant ait le temps de dire quelque ce soit. Elle était donc partie retrouvée son siège à côté de Marlon. Mais les autres n’étaient pas très loin, Pete était à côté de Jeremiah de l’autre côté de la rangée, Bonnie était derrière elle et Lisbeth, devant. quand à Garèth, il vadrouillait un peu partout. D’ailleurs Amaryllis ne tarda pas à lui emboiter le pas. Elle ne pouvait pas rester sur un siège à rien faire, elle se sentait obligée de faire des conneries, de mettre de l’ambiance dans le car et à squatter avec un peu tout le monde. Et malgré tout ça, elle trouvait le moyen de s’ennuyer ce qui expliquer ces mêmes phrases citées plut haut qui revenaient si souvent.

La journée se passa donc cette ambiance… et une bonne partie de la nuit aussi. La jeune brune était partie pour rester toute la nuit éveillée mais dans les environs de quatre heure du matin, elle se sentit prise d’un étrange sommeil. Ses paupières se fermèrent seules l’emportant dans le monde des rêves.
Quand elle se réveilla quelques heures plus tard, ce fut en gémissant. Une voix masculine disait qu’ils étaient arrivés, qu’il fallait qu’ils se réveillent. Bien sûr, elle reconnut aussitôt son meilleur ami seulement, elle n’avait jamais été du matin ainsi, même si elle aurait voulu lui répondre qu’il ferait mieux de se la fermer ou bien lui balancer quelque chose à la figure pour qu’il se taise, elle se contenta d’émettre un léger grognement roque en se recroquevillant, luttant pour garder les yeux fermés. Seulement maintenant, c’était trop tard. Elle était réveillée et ne parviendrait pas à se rendormir, elle le savait…
Alors, elle finit par ouvrir les yeux dans un sursaut en réalisant qu’il y avait quelqu’un le visage de quelqu’un près du sien. C’est alors qu’elle comprit que durant la nuit, elle était tombée sur son frère et qu’elle avait donc dormi ainsi, affalée sur lui. Ce n’était que lui, une chance. Pour elle, c’était presque normal. Il était comme un bout d’elle alors peu importe si elle l’écrasait à moitié en dormant et puis, de toute façon, il continuait à dormir alors, ce n’était pas comme si, par sa faute, il n’avait pu fermé l’œil. Se redressant pour lui faire un peu de place, elle s’étira avant d’entreprendre de le réveiller sachant qu’il pesterait car lui aussi n’était pas un adepte du réveil de bon matin. Elle saisit la bouteille d’eau qui trainait à leurs pieds, l’ouvrit mais au moment où elle voulut verser le contenu sur son frère, elle entendit quelqu’un lui parler. C’était Garèth, elle avait presque oublié qu’il était debout. Refermant la bouteille, elle déclara avec un fin sourire malsain :

AMARYLLIS - « Oui, et je suis sure le chauffeur nous en voudra si on fait le feu de camps sur le toit de sa saleté de bus. Ôh non, j’ai une meilleure idée : sur le toit d’un des bâtiments de l’école, comme ça on pourra lancer les chamallows sur ceux qui passent en bas ! »

Elle rigola légèrement en s’imaginant la scène. Bien entendu, en parlant de l’école, elle voulait dire celle où ils étaient censés être arrivé : " era usa college ". D’ailleurs, en se rappelant de ce que Garèth avait dit un peu avant - sur le fait qu’ils étaient enfin arrivés -, elle se leva d’un bond et se mit dans l’allée centrale afin d’observer l’extérieur sans gêner personne. Étrangement, ça ne ressemblait pas du tout à la description que les professeurs avaient fait des lieux : depuis quand il y a tant d’arbres à Los Angeles ? Surtout qu’on leur avait dit que la plage serait éloignée de l’endroit où se situe l’école… Hors, quand elle regarda par la fenêtre, elle en vit une.

Fronçant les sourcils, elle regarda ’Reth d’un air suspect comme si ce dernier avait quelque chose à voir dans tout. Son regard devint vite sombre : Depuis quand le jeune homme faisait des blagues sans la prévenir ? Une légère pointe d’amertume parcourut son regard mais elle partit aussi vite qu’elle était venue quand, en regardant avec plus d’attention les alentours, elle remarqua l’un des professeurs allongeait dans un liquide rouge. Il lui fallut quelques instants pour réaliser ce qu’elle venait de voir : ce n’était pas n’importe quoi, c’était du sang et en y regardant de plus prêt, elle comprit qu’il saignait à flot. Et vu la marre dans laquelle il gisait, Amaryllis doutait qu’il soit encore en vie. Elle voulut réagir, mais la seule chose qu’elle put faire fut laisser échapper un très faible bruit aigu de ses lèvres. Son qu’elle ne tarda pas à faire taire en se mordant la langue si fort qu’elle sentit bientôt le goût désagréable du sang envahir sa bouche.
C’est clair : ça ne pouvait pas être une farce de Garèth. Néanmoins, elle se tourna vers lui, dans l’espoir qu’il est une explication, quelque chose de plus favorable que " le prof’ s’est fait tué " mais à en juger l’expression qui marquait son visage, il n’en savait pas beaucoup plus qu’elle. Elle déclara alors, le regard à la fois vide, grave et sérieux - air qui était vraiment très rarement sur le visage d’Amaryllis - :

AMARYLLIS - « Je fais un rêve. Ça peut être que ça. (elle balaya la scène du regard et reprit la parole) Ouais c’est ça : Je rê-ve. Un rêve plutôt cool étant donné que j’ai plus cours… »

Un léger sourire triste s’afficha sur son visage. Même dans ses rêves, la mort des gens - qu’elle les apprécie ou non - la chagrinait. Cela était sans doute du à la mort de l’un des membres de la bande il n’y a pas si longtemps que ça, ou peut-être celle de l’un de ses frères quand elle était petite.

« Ah mais bien sur June. Euh c'est bien June non ? Ton petit nom ? »

Que le temps pouvait paraitre long quand vous êtes enfermé dans un affreux bus jaune et que vous ne pouvez rien faire d'autre qu'attendre. Bien sur le but de ce voyage avait tout d'attrayant, et Marlon était très heureux de partir, mais franchement, pourquoi n'avaient-ils pas prit un vol direct vers l'era usa college ? Quel intérêt de se faire chier dans un bus minable pendant de longues heures ? Marlon avait posé la question à son professeur de langue avant de monter dans le car. A dire vrai il semblerait que celui-ci n'est pas vraiment apprécié. C'est dingue comme les professeurs peuvent se faire une opinion si rapidement sur un pauvre garçon victime d'une mauvaise réputation ! Marlon était sur qu'avant de partir ils s'étaient tous réuni autour du cas "les triplés Brightberry". Genre, une grosse réunion réunissant tout leurs enseignants depuis la maternelle pour savoir si oui ou non il était prudent de les emmener. Apparemment ils avaient décidé qu'il était possible de les emmener, et apparemment aussi, ils le regrettaient déjà. Enfin, c'est pas comme si Marlon avait essayé de voler les canettes de Coca dans l'avion à la suite d'un cap ou pas cap de sa sœur. C'est pas comme si il avait parlé pendant tout le voyage avec Garèth du jean moulant de la nouvelle assistante. Non, c'était vraiment pas son genre. Enfin c'est ce qu'il prétend. En tout cas, ce dont on peut être sur, c'est qu'une fois sa question posée, le jeune homme c'était empressé de monter dans le car. Il n'allait pas se prendre la tête dès le début. Il avait fait quelques mètres lorsqu'il entendit sa sœur, derrière lui prétendre qu'un crash serait drôle. Il pouffa en lui jetant un regard malicieux et continua d'avancer. Arrivé au fond du car, il s'assit dans la rangé juste de l'autre côté de Pete et de Jeremiah. Allis arriva enfin et elle se plaça à côté de Marlon. Il n'était même pas envisageable que la petite bande soit séparée durant tout le long trajet ! Non mais voyons, on dirait que vous ne suivez même pas !

Enfin, après quelques minutes, assis dans ces espèces de fauteuils inconfortables, Marlon ressentit les petites vibrations du moteur et le bus démarra. Il jeta un rapide coup d'œil à l'extérieur en souriant. Quand il sortira de ce bus, il sera enfin arrivé et il pourra commencer à faire chier tout le monde ! Le bonheur. Sa sœur partie faire on ne sait pas trop quoi, le beau brun se leva et entreprit de commencer par embêter son meilleur ami et Pete. A peine debout donc, il fit un pas et leur sauta dessus, oui carrément. Pas méchamment, mais pour s'amuser. Il étala tout son corps sur les deux garçons qui bien évidement ne se laissèrent pas faire. Pete commença à le chatouiller et Marlon, très craintif de ce côté là, ce retrouva vite par terre. « Brightberry ! Marlon ! » entendit-il crier à l'autre bout du car. Et merde. C'était cet affreux prof de culture étrangère. Un véritable boulet selon toute la bande. Marlon jeta un regard à son frère et lui mit une tape dans la tête avant de se diriger vers cette espèce de vieux garçon dégarnit. Il n'avait pas vraiment l'air heureux. Arrivé à sa hauteur le binoclar de prof se mit à parler en postillonnant légèrement. Nan mais franchement quel supplice. Comme d'habitude, il essayait de faire la morale et comme d'habitude Marlon ne lui prêtait pas la moindre attention. Il réussit juste à comprendre quelques mots « Inimaginable ... pas du vous emmenez ... assis ... fin du bus ... June » Lorsque le petit brun tourna la tête vers la place que lui montrait de boutonneux de quarante ans, il aperçut une fille absolument horrible qui avait tout l'air d'être sa fille. Grosse, boutonneuse, avec des petites lunettes rondes à la Harry Potter. Les cheveux gras et une feuille de salade coincée entre les dents. L'horreur je vous dis. Bien contre sa volonté, Marlon finit par poser ses petites fesses à côté de celle qu'il avait déjà rebaptisé "Le thon". Le plus surprenant dans tout ça, c'est que le thon savait parler. Non mais franchement, depuis quand les animaux marins ont le droit d'ouvrir la bouche ? Et elle avait l'air d'en avoir des trucs à dire. Genre pourquoi la guerre du papier toilette avait éclaté en Amérique du Sud. Ou pourquoi les gens avaient toujours détesté les épinards. Désespéré, Marlon leva les yeux au ciel et saisit un feutre sur la tablette du Thon. Il commença à gribouiller partout sur le siège en face de lui. Des "Marlon est magnifique" au "Triplés Brightberry ; pour vous faire chier" à d'autre truc tout aussi stupide. Il réussit même à placé un portrait plutôt ressemblant du Thon.

Après plus d'une heure et demie de profond emmerdement, Marlon reboucha le stylo-feutre et le reposa. Puis il se tourna et regarda le Thon dans ses grands yeux globuleux de poisson rouge. Une fois qu'il se fut renseigné sur son vrai nom (ben ouai il fallait pas nan plus qu'il l'appelle le Thon, quoi que ça lui allait mieux), il put continuer.

« Bon écoute June, ça fait plus d'une heure que tu me casse la tête avec tes histoires. J'me fais chier, et c'est pas normal. Logiquement c'est moi qui fais chier le monde. Tu vois ce que je veux dire ? Donc là c'est pas très logique que tu me fasses chier depuis plus d'une heure avec tes putains d'histoire de PQ et d'épinard. Donc j'vais te laisser et retourner dans le fond du car pour vois des gens vraiment cool. Ok ? »

Il avait été franc et directe, et elle avait l'air de bien l'avoir prit. En tout cas, le petit frisé ne lui laissa pas le temps de répondre, se leva précipitamment et repartit en direction du fond du bus. Il allait pouvoir raconter à ses amis l'horreur qu'il venait de vivre. Et c'est ce qu'il fit. A peine arrivé, il se rassit et se mit à parler avec Pete et Jeremiah plus qu'il n'était possible de l'imaginer. Comme s'ils ne s'étaient pas vus depuis au moins quatre ans. Rappelons que ça faisait à peine deux heures. Enfin bref, que voulez-vous ? C'est dur d'être séparés ! Le reste de la journée se déroula bien pour les trois jeunes garçons qui commencèrent très vite à se lancer des cap ou pas cap improbables. Dans la soirée Allis les revient à sa place et tout continua dans la même ambiance. Mais aux alentours de quatre heures du matin, alors qu'il s'était promis de rester éveillé, les paupières de Marlon se fermèrent doucement. Il était pris dans un sommeil irrésistible et n'eu pas d'autre choix que de s'endormir profondément. Bizarre tout ça.

Quelle heure était-il ? Aucune idée ! Marlon venait tout juste d'ouvrir les yeux. Il avait entendu une voix familière, celle de Garèth, mais ça ne l'avait pas réveillé. Non enfaite, c'était plutôt Allis qui l'avait tiré de son sommeil. Explication, sa sœur c'était carrément écrasé sur lui dans la nuit, et ça ne l'avait pas gêné non. Enfaite il préférait même que ça soit sur lui qu'elle dorme plutôt que sur un autre garçon, enfin bref. Une chose est sur, écrasée sur lui, elle lui tenait plutôt chaud. Et quand elle s'était levée, on peut dire que le jeune homme avait eu froid. Et oui, tout simplement. Il leva donc doucement la tête et aperçut Amaryllis et Garèth au milieu de l'allée. Ils semblaient légèrement terrifiés. Par un lycée d'Amérique ? Pensa le jeune garçon ? Ah ils étaient vraiment spéciaux ces deux là. Passant une main dans ses cheveux bouclés, il se leva difficilement. Il ne prit même pas la peine de regarder autour de lui. Non mais franchement, il venait tout juste de se réveiller qu'es qu'il pouvait bien avoir à foutre de tout ce qui était autour de lui. S'approchant de ses amis, il posa une main sur l'épaule de sa sœur et l'autre sur un siège. Il les regarda un instant et se mit à rire.

« Et ben alors ? Qu'es qu'y a ? On dirait que vous avez vu un mort ! »